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Mon chevreuil 2014, une fois dans une vie!

Comme plusieurs d'entre vous, chaque année avant la chasse je suis rempli d'espoir et je me dis que c'est cette année que je vais récolter un trophée. C'est dans cet état d'esprit que je me suis rendu à mon territoire de chasse la veille de l'ouverture pour vérifier les caméras en espérant avoir en photo le trophée tant attendu. La vérification des photos m'a permis de constater qu'un très beau neuf pointes avait visité très régulièrement nos trois sites pendant la semaine. Une autre série de photos me réservaient toutefois toute une surprise, un autre neuf pointes mais partiellement albinos celui-là, était venu au site de mon frère le mercredi matin et était revenu durant la nuit pour repartir au lever du soleil. Pour les différencier, je les ai nommés "le neuf pointes" et "Piebald".

Ce serait vous mentir que de vous dire que dès ce moment, mon attention était entièrement tournée vers "Piebald". Après une douzaine d'années à chasser sur le même territoire, j'en suis venu à savoir évaluer quand même assez bien, nos chances de récolter un buck en particulier. L'an dernier, j'avais déjà pris le neuf pointes en photos et cette année il venait régulièrement à nos sites de jour. Nos chances étaient très bonnes de le récolter, selon moi. Quant à "Piebald", un buck facilement reconnaissable, au fil des ans, que je n'avais jamais pris en photo avant, je n'évaluais pas nos chances très bonnes. Je me disais que ça pouvait prendre un bon bout avant qu'il ne repasse, mais à la chasse il n'y a rien de garanti et c'est souvent ce à quoi on s'attend le moins qui arrive. Une chose est sûre c'est que mon objectif, ne serait rien d'autre qu'un de ces deux bucks-là, du moins, tant qu'ils seraient en vie.

Il ne me restait plus qu'à décider si j'allais chasser à l'ouverture. Nous chassons en famille mon père, mon frère et moi, mais mon père n'a pas d'arbalète, il en faut donc un pour se sacrifier. Les deux dernières années, c'était moi qui accompagnais mon père comme spectateur. Cette année, il avait été convenu que ce serait mon frère qui prendrait son premier avant-midi de "congé". Cependant, à la lumière de mes observations, je ne trouvais pas que c'était une bonne idée que mon frère ne soit pas assis dans son arbre à l'ouverture. Le neuf pointes visitait principalement son site et la seule visite de "Piebald" avait été à cet endroit aussi d'autant plus, que ça ne semblait pas faire l'affaire de mon frère non plus. Comme mon site était le moins achalandé des trois, il me semblait plus logique d'accompagner mon père et de voir ce qui se passerait par la suite.

Samedi matin, le jour se lève, une fois de plus je suis assis à coté de mon père attendant un chevreuil qui saura satisfaire ses objectifs, qui ne sont pas trop compliqués, un chevreuil adulte simplement. L'attente est brève, une femelle se positionne pour qu'il effectue son tir, le chevreuil s'enfuit, mais nous sommes confiants du tir. Je réarme immédiatement l'arbalète et prends place à la position du tireur dans l'espoir de voir le 9 pointes puisqu'il s'est présenté à cet endroit le vendredi matin et qui sait peut-être que "Piebald" viendra faire sa première visite à ce site.

Pendant l'attente de quarante cinq minutes seul une femelle et un veau sont passés sans s'arrêter. On décide donc de partir à la recherche de la femelle de mon père, la recherche s'effectue rapidement, et mon père est bien content. J'en profite par la suite, pour vérifier la caméra et je constate que le 9 pointes était là vers 18 heures vendredi soir. En descendant de son arbre mon frère fait de même, lui aussi avait le 9 pointes à son site vendredi soir mais à 18 h 30. À ce moment, je suis convaincu que ses heures sont comptées et qu'on va le récolter en fin d'après-midi. Mes espoirs furent toutefois de courtes durées, arrivé au pick-up avec la femelle de mon père, les chasseurs de la terre voisine sont là eux aussi et quelqu'un dans le groupe nous dit "Venez voir le beau buck qu'il a tué". En me rendant à leur pick-up, je ne me fais pas d'idée à savoir s'ils ont tué "Piebald" ou le neuf pointes, tout ce que je me dis à répétition c'est : "Faut pas que ce soit un de nos deux beaux bucks". En jetant un coup d'oeil dans la boîte j'identifie tout de suite le neuf pointes qu'on s'attendait de récolter le soir même, quelle déception!    

En début d'après-midi, mon frère retourne à son site dans l'espoir d'avoir sa chance sur "Piebald". Dans mon cas, je suis beaucoup moins encouragé, j'ai le choix entre deux sites celui de mon père, mais le seul beau buck qui le fréquentait est déjà tombé au combat. C'est pas mal la même chose pour mon site habituel, à l'exception d'un six pointes tout de même respectable cependant, je ne me suis pas encore fait à l'idée de le récolter. Je choisis donc mon site puisqu'il n'y a eu encore aucune activité ni odeur étrangère. De plus, il est plus près de l'endroit ou "Piebald" a été pris en photo. En fin d'après-midi, l'activité recommence, un veau femelle vient aux appâts et y passe 45 minutes, une fois rassasié, il quitte et est remplacé quelques minutes plus tard par un jeune mâle. Après un certain temps, le veau vient le rejoindre, puis un craquement se fait entendre, les deux chevreuils regardent dans cette direction et le veau décampe sur-le-champ. Le scénario se dessine dans ma tête, c'est "Piebald" qui s'en vient. Curieusement, je me mets à scander son nom dans ma tête "Piebald", "Piebald", "Piebald" comme pour l'encourager à sortir. Les craquements s'intensifient au point où je me dis que ça fait trop de bruit pour être un chevreuil. Finalement, cinq ratons laveurs arrivent un après l'autre aux appâts. Le veau revient par la suite et je suis témoin d'une guerre de territoire entre les chevreuils et les ratons laveurs qui finissent par abandonner. Le scénario imaginé dans ma tête ne sera finalement qu'une répétition de ce qui allait se passer le lendemain matin.

Dès les premières lueurs du jour dimanche matin, un chevreuil fait son entrée, après quelques minutes je finis par reconnaître le jeune mâle de la veille. Vingt minutes plus tard, il lève brusquement la tête et décampe aussitôt. À partir de ce moment, tout s'est déroulé très rapidement, j'aperçois immédiatement la silhouette blanchâtre d'un chevreuil, il n'en faut pas plus pour que je le reconnaisse, c'est lui, c'est "Piebald", mon coeur s'emballe. Il avance rapidement et en moins de deux, il est dans mon champ de tir, sans avoir vraiment réalisé ce que je faisais au moment où il s'est arrêté, j'étais déjà épaulé prêt à tirer. Il regarde à droite, à gauche, puis dans la direction vers laquelle le spike s'est enfui et se dresse la tête bien droite tout en se gonflant le torse pour démontrer qu'il est le maître des lieux, il est magnifique. La scène avec les rayons du soleil, l'est tout autant. L'heure n'est toutefois pas à la contemplation, étant parfaitement positionné, je place la croix du télescope dans la zone vitale et j'appuie sur la détente, il part en courant et je l'entends tomber. Je n'en reviens pas, je tremble comme une feuille, j'ai récolté "Piebald", je l'ai mon trophée! Je prends la radio de peine et de misère tellement je tremble pour annoncer la nouvelle à mon frère. Après avoir attendu un bon trente minutes, il me suffit de faire quelques pas en suivant le sang pour que je l'aperçoive un peu plus loin et que je constate à quel point ce buck est magnifique. Son panache n'est pas un trophée en soi, malgré qu'il soit très respectable, mais combiné au fait qu'il soit partiellement albinos, ça en fait une bête unique, une bête qu'on ne récolte qu'une fois dans une vie.

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