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L'aménagement intensif de l'habitat du cerf de Virginie

Introduction
La chasse aux chevreuils est une activité très prisée par les chasseurs québécois. Il existe de nombreuses techniques et stratégies afin de multiplier ces rencontres avec cet animal. Combiné à une bonne gestion, l’aménagement de l’habitat s’avère un moyen efficace d’augmenter le gibier sur le territoire. Comme nous le savons, les cerfs doivent s’alimenter continuellement pour survivre à l’hiver québécois. L’exploitation forestière amène une quantité impressionnante de nourriture pour le gros gibier. Sur une grande superficie, cette nourriture attirera le gibier sur votre territoire (surtout lorsque vos voisins de lot n’effectuent aucun aménagement pour le cerf) et augmentera la survie des cerfs. Cependant, un chasseur ne peut surveiller l’ensemble de son territoire en même temps. C’est pourquoi, depuis plusieurs années, bon nombre de chasseurs utilisent un site appâté. Les chasseurs sérieux savent qu’un site appâté de nature « artificiel » tel le bon vieux « tas de pommes » ou « tas de carottes » n’attirent que très rarement les mâles matures qui sont très rusés. En période d’accouplement ou en dehors de celle-ci, les mâles matures conservent une prudence élevée face à ces sites d’appâts conventionnels. C’est pourquoi j’utilise le moins possible cette option. N’oubliez pas que les grands mâles ont atteint le stade de la maturité parce qu’ils ont su reconnaître les sources de dangers. C’est pourquoi, il faut changer d’approche surtout dans les secteurs où la pression de chasse est forte. D’autres types d’aménagements non-conventionnels s’offrent à vous qui sont plus efficaces pour la récolte de mâles mature.

 

Champs nourricier
Premièrement, le champ nourricier, communément appelé « food plot », offre une quantité impressionnante de fourrage pour le cerf. L’attraction du cerf est élevée et à court terme. Le coté négatif de cette tactique est que les coûts sont importants, que le temps à investir est élevé et que le tout est à recommencer après une ou quelques années. Ce sujet a été abondamment traité par des gens qualifiés de ce domaine et ne sera pas revu ici.

 

Type de couvert et essences

Un bon amalgame de couvert de repos et de couvert d’alimentation est un « plus value ». La littérature a souvent démontré que la structure de la forêt est bien plus importante que les essences forestières qui la compose. Comme je l’ai déjà dit dans un article précédent, l’agencement des différents peuplements d’abris et de source de nourriture influence beaucoup plus pour le cerf que les essences présentes. Il demeure tout de même que certaines essences sont plus populaires que d’autres pour le chevreuil. En dehors de l’hiver, les essences les plus populaires au broutage des pousses sont les différentes érables, bouleaux, la viorne et le sorbier.

La gestion des arbres, contrairement aux plantes du milieu agricole, se fait sur une période de temps très grande. Ainsi, lorsqu’on reboise des arbres pour la production de fruits, il faut donc penser à long terme et s’armer de patience. Les avantages de cette technique sont qu’ils nécessites un faible coût et un minimum de temps à y consacrer. De plus, une fois les arbres en production de fruits, la production sera soutenue, année après année, avec un minimum d’effort.

 

Tolérance à l’ombre
La tolérance à l’ombre est un concept très important en aménagement forestier. Chaque essence possède un seuil de tolérance à l’ombre. Autrement dit, chaque essence à un besoin minimum de lumière afin de se régénérer et croître. Sous ce seuil, la mort de l’essence aura lieu. Par exemple, le peuplier faux-tremble et le bouleau blanc sont des essences intolérante à l’ombre. Elle nécessite donc des condition de plein ensoleillement et c’est pourquoi on retrouve souvent ces essences dans les coupes totales. L’érable à sucre et le sapin baumier sont des essences tolérantes à l’ombre et se régénère bien sous couvert avec une faible quantité de lumière. La venue d’essence intolérantes à l’ombre se fera à mesure que l’ouverture du couvert augmentera. De plus, il faut comprendre qu’une augmentation de la lumière au sol favorise une quantité plus importante de la régénération des essences présentes. Par exemple, sous couvert dense, il y est probable de trouver 1000 semis d’érable à sucre par hectare tandis qu’après une éclaircie de 30% du volume, on peut retrouver de 10 à 100 fois plus de semis qui constitueront une nourriture abondante pour le gibier.

 

Le chêne
Certains types d’arbres offrent des fruits prisés par le cerf de Virginie tel le pommier, le chêne ou le hêtre. Par exemple, les chasseurs de l’Outaouais savent bien que les chênaies rouges sont des peuplements très achalandés à l’automne. Ces peuplements sont des sites précis, prisés par les cerfs et où ces derniers sont peu méfiants comparativement aux sites d’appâts conventionnels d’où la probabilité plus forte d’y rencontrer un grand mâle. Le chêne rouge est adapté à survivre à travers le temps sur des sites secs et sur dépôts minces. C’est pourquoi on retrouve souvent les chênaies au sommet des collines. Il est à noter que l’aire de distribution du chêne est adapté à survivre sur l’ensemble du sud du Québec. Cependant, il est difficile de penser d’introduire une plantation de chênes dans l’unique but d’attirer les cerfs puisque le délais avant que les arbres produisent une bonne quantité de glands qui serait susceptible d’attirer le cerf est long, soit 40 ans. Cependant, si l’on travaille à partir d’un peuplement existant, il est possible, par des coupes partielles, de favoriser une régénération accentuée sur le chêne rouge. Le chêne rouge est une essence semi-intolérante à l’ombre et nécessite donc une ouverture partielle du couvert pour assurer sa régénération et sa croissance. De plus, la germination des semences est maximale sur le sol où le minéral est exposé. Par exemple, après une coupe partielle qui enlève 30% de la surface terrière ( » 30 % du volume), le passage de la machinerie ou un brassage de la litière va favoriser la germination naturelle du chêne rouge. L’ensemencement des glands en forêt donne aussi de bon résultats. Les glands ne doivent pas être enfoncés trop profondément. Cependant, ils doivent être recouverts par le minéral sinon, les écureuils et les vers détruiront une bonne partie des glands. Notez que la germination s’effectue mieux lorsque le gland est mis en terre sur le coté.

 

Le pommier
Contrairement au chêne, le pommier bien taillé produit des fruits beaucoup plus tôt en âge. De plus, le pommier est un arbre qui investit beaucoup plus dans la production de fruits que pour sa croissance. Le pommier est une espèce intolérante à l’ombre. Elle nécessite donc des conditions maximales de lumière. De plus, l’achat de pommiers de fortes dimensions permettra de « gagner » du temps avant la première année de production de fruits. Il est donc plausible de s’attendre à une production de pommes et une croissance suffisante des arbres (afin de diminuer la vulnérabilité des arbres au broutage) en moins de 10 ans. L’introduction de pommiers dans des ouvertures peut donc s’avérer une tactique qui semble naturelle pour les cerfs et efficace pour attirer les cerfs près de votre site tout en assurant un minimum de méfiance chez ce gibier si nerveux et surtout chez les grands mâles. L’ajout d’une petite quantité de pomme sous ces arbres peut augmenter le potentiel d’attraction tout en conservant l’aspect naturel du site. Je le répète, conserver l’aspect naturel est nécessaire si l’on désire avoir la plus grande probabilité de récolter un mâle mature. Bien sûr, la taille du pommier va favoriser la production de pommes. Attention, il faut cependant assurer une croissance de l’arbre en jeune âge afin de diminuer les risques de surbroutage des pommiers.



 

Le hêtre américain
Le hêtre américain produit des fênes que les cerfs et ours se nourrissent. Cependant, chasser dans un peuplement où le hêtre est en majorité est très difficile et comporte des désavantages. Par exemple, le feuillage des hêtres ne laisse passez que peu de lumière et ne favorise pas une abondante régénération, la nourriture accessible par les cerfs. De plus, la chute des feuilles ne se font pas à l’automne et bloque la vision du chasseur dans ce peuplement. Il est donc difficile de repérer les cerfs. Ici, les désavantages sont probablement plus nombreux que les avantages.

 

Reboisement
Indépendamment de l’essence et du type de plant utilisé pour le reboisement, il importe de planter ou transplanter les plants lorsque ces derniers sont en période de dormance (lorsque les plants ne sont pas en croissance). Par exemple, la plantation doit toujours se faire avec des plants dont le débourrement n’a pas débuté afin de maximiser leur survie. Le début du printemps est une excellente saison pour effectuer la plantation si ne l’on ne peut garder les plants en dormance dans un endroit réfrigéré. À l’inverse, le moi de juin et juillet sont les pires mois pour transplanter des plants qui ne sont pas maintenu en dormance artificiellement. Cette règle est la plus importante à retenir. La situation est d’autant plus critique lorsque l’on transplante des arbres provenant d’un milieu naturel car les racines sont endommagées contrairement aux plants en pots.

Lors de la transplantation d’arbres provenant du milieu naturel, il est important de conserver la terre autour des racines afin de ne pas détruire les fines racines. Ces micro-racines sont celles qui absorbes l’eau et les éléments minéraux nécessaire à sa croissance contrairement aux racines principales qui servent qu’au support du tronc. C’est pourquoi il importe de conserver une bonne « motte de terre ».

Bien sûr, comme il a été dit plus haut, le site doit être propice à l’essence reboisée et les besoins en eau et en lumière doivent être satisfaits. Le site internet de « Sylvic of North America », situé en annexe, fournit une bonne quantité d’information sur la sylviculture de tous les arbres de l’Amérique du Nord. De plus, il peut aussi être intéressant de limiter la compétition autour des plants par la coupe de ces derniers. L’ajout de mesures de protection face au broutage peut-être nécessaire afin de maximiser le taux de survie des plants. L’installation de clôtures est préférable tant et aussi longtemps que la cime sera susceptible d’être détruite par le broutage dans les secteurs où la pression des cerfs sur le milieu est élevée.

 

Conclusion

Moyennent un certains investissement de temps, il existe des alternatives aux sites appâtés artificiellement qui vous permettrons, sans aucun doute, de créer une source très concentrée de nourriture dans une superficie réduite sans pour autant rendre le gibier très méfiant comme c’est le cas de l’appâtage traditionnel. Bien sûr, les précautions de bases telles l’orientation du vent doivent être respectées. Bref, pour augmenter la probabilité de récolter des mâles matures, l’utilisation de nouvelles approches va sans aucun doute permettre d’augmenter vos chances de succès.

 

Référence

Sylvic of North America :

http://www.na.fs.fed.us/spfo/pubs/silvics_manual/table_of_contents.htm

 

Étienne Lemieux

24 juin 2005

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