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Le KING, la victoire !

2009 - Un combat à finir
Le printemps arrive et comme à chaque année, je passe de nombreuses heures à la recherche des précieux bois de chevreuil. Quelques beaux sujet sont trouvés à l'extérieur de mon environnement de chasse. Par contre rien d'intéressant à l'intérieur de celui-ci. J'ai beau quadriller mon terrain, rien à faire, même pas un bois de spike. Pourtant une soirée du mois de juin, accompagné de ma fille de 10 ans et de mon garçon de 12 ans, nous fouillons pour une dernière fois le pourtour de la cache à mon épouse. Un bosquet de jeunes pruches attire mon attention. Autour de ce bosquet, d'immenses frottages sur des arbres de diamètre de plus de 6 pouces m'y ont justement attiré l'attention. Je fais signe à mes enfants de passer de chaque coté et moi je fonce dans le bosquet. Je n'ai même pas fais 3 pas que je vois au sol le set complet de la couronne du King. Les deux bois un à coté de l'autre exactement comme si il les avait enlevés un après l'autre dans son lit. Je saute de joie, à vrais dire j'hallucine au plus haut point. Encore une fois mes enfants n'en reviennent pas de me voir capoter comme cela.

Automne 2007
Automne 2007


Tout au long de 2008, il était encore en vie et jamais je ne l'ai aperçu. Il a passé l'automne sans jamais m'offrir une photo de lui. J'étais convaincu que jamais plus je ne le reverrais. Les grands mâles n'auront jamais fini de me surprendre. J'évaluais les bois à environ 160 points. Je savais que l'hiver précédent lui avait donné du fil à retorde pour récupérer au printemps. Par le fait même l'énergie était allée beaucoup plus à sa masse corporelle qu'à son panache.

Je savais qu'il se faisait vieux. Il ne me restait pas beaucoup de temps pour le prélever. Par contre, je sais que les grands mâles, en atteignant un certain âge, commencent à avoir un excès de confiance et font des erreurs qui leurs coûte souvent la vie. C'est sur ce point que je misais pour le prélever. J'étais littéralement motivé.

Printemps 2009 marque un gros changement pour moi au niveau de la chasse.

C'est en me procurant une caméra vidéo professionnelle que je me motivai à visiter encore plus souvent le terrain afin d'avoir de belles images.

Par une belle soirée de début juin, j'étais installé en bordure d'un champ de soya espérant filmer des beaux sujets. Je fus récompensé 45 minutes avant le coucher du soleil quand le King est sorti brouter en compagnie d'un autre buck. Il y resta jusqu'à la noirceur. Son panache était déjà très large et haut. Le printemps 2009 fut pluvieux à souhait. Ce même facteur influence beaucoup les poussées des panaches. En fait, les nutriments présents dans les plantes sont plus riches que lors d'années sèches. Justement, l'été aussi fut pluvieux et aucune sécheresse ne fut observée ce qui contribua pleinement au développement de son super panache.

Ma deuxième observation s'est fait à la mi-août. J'étais parti plus top qu'en temps normal afin de me positionner près de l'endroit où je suspectais qu'il entrerais au champ.

Rendu à mi-chemin dans le soya d'une hauteur de près de 40 pouces, qu'elle ne fut pas ma surprise de constater qu'il était déjà là en compagnie d'un jeune 8 pointes. Ils me virent au même moment. Je mis immédiatement en marche ma caméra. Malgré les 200 mètres nous séparant ainsi que le vent en ma faveur, le King ne me laissa filmer sa majesté que 2 minutes avant de prendre le couvert d'assaut. Imaginez la méfiance de ce buck. En visionnant les images une fois rendu chez moi, je réalisais à quel point son panache avait pris de l'ampleur. Il était maintenant aussi gros qu'en 2007, mais en plus, il avait élargi. Souvent, les vieux mâles vont avoir comme première effet de régression, un panache qui sera plus large. Les années suivantes, il s'affaisse sur leur tête. Selon moi, il avait justement atteint le premier stade de régression qui lui donnait en fait un pointage plus élevé au système Boone and Crockett.

Le 5 septembre, une journée de rêve
Durant les avant-midi de septembre 2009, je profite de mon temps libre pour effectuer de la prospection sur ma terre. Tout au long de mes prospections, je scrute toujours le sol dans l'éventualité de remarquer un bois au sol.

J'étais justement dans un petit racoin de ma terre où je n'avais jamais eu l'idée de prospecter. En mode marche rapide, car aucun signe n'attirait mon attention, je fus étonné de trouver un coté du panache du King 2007. J'étais aux anges. Je venais de trouver ce que j'avais cherché pendant près de 70 heures au printemps 2008. J'avais maintenant en ma possession 7 bois du King dont 3 paires. Le soir venu, j'étais motivé à l'extrême pour une séance de film. Je parti tôt avec mon auto-grimpant. Étant installé depuis 1 heure, j'eu la chance de voir sortir au champ à plus ou moins 100 verges de moi, 4 bucks et 5 femelles et faons. Mais le plus impressionnant, c'était de voir le King qui venait de perdre ses velours. Quelques lambeaux de velours pendaient encore à son panache. J'ai eu la chance de le contempler pendant plus de 45 minutes. C'était un géant. Quand il me présentait son dos, son panache dépassait largement les épaules et sa hauteur était semblable à une chaise de cuisine !

Cette nuit-là, je n'en dormis pratiquement pas. Il fallait que je le récolte.

5 septembre
5 septembre

7 de ses bois, je le traquais depuis longtemps.
7 de ses bois, je le traquais depuis longtemps.

28 septembre 2009
La chasse à l'arc et arbalète est ouverte depuis le 26 septembre. Je suis au travail mais je pense continuellement à mon King. Je n'ai eu qu'une sortie de chasse jusqu'à présent. J'ai concentré mes efforts sur ma fille de 13 ans qui a en poche son permis d'initiation. La pluie qui ne cesse de tomber depuis environ 8 jours a pour effet de concentrer les cerfs dans les champs de soya. Le soya étant sec et normalement récolté à cette date est un vrai aimant à chevreuil cette année. Le plant étant sec mais les grains à l'intérieur sont humides grâce à la pluie. Cela répond à merveille au besoin des cerfs en cette fin septembre. Il tombe une pluie fine et je suis entrain de travailler. Une impression étrange m'envahit. C'est possible que ce soit la pression barométrique qui me fait sentir que la chasse serait bonne si je prenais le temps d'y aller.

16:00 arrive finalement et l'envie de la chasse prend le dessus sur tout. C'est avec empressement que j'effectue le trajet de 30 minutes afin de retourner chez moi. Aussitôt arrivé, j'avise mon épouse que je pars pour la chasse du soir. J'enfile mon habit qui contrôle l'odeur humaine et c'est parti.

Arrivé au champ, je sais que je dois me placer dans un fossé pour me rapprocher des sorties des bucks. Je n'ai pas accès au boisé bordant le champ. Je marche le long du champ en évaluant où sont les plus grosses concentrations de traces, surtout les plus grosses. Je fini par trouver l'endroit idéal qui coïncide justement avec les sorties de bucks. Je vérifie la direction du vent et me cache dans le fossé. Très peu d'herbes pour me cacher donc je suis dans l'obligation de reculer dans l'eau du fossé. Les pieds à moitié submergés, je me prépare pour une attente souffrante sous la pluie et les orteils qui gèleront graduellement pendant 2 heures.

Le fossé est creux ce qui force les cerfs à le sauter. Je suis en position agenouillé, l'arbalète sur mon genou pointant la direction vers laquelle j'anticipe l'action et le cran de sureté enlevé. Je devrai faire vite si l'occasion se présente. Afin de ne pas me faire surprendre par un cerf arrivant d'un coté comme de l'autre, je bouge constamment mon regard de gauche à droite. 20 minutes après mon arrivée, un 7 pointes saute dans le champ à 25 mètres sur ma gauche. Bien que le buck soit un 2 ans et demi, la tentation de le récolter n'y est pas. J'ai su immédiatement que j'étais à la bonne place. Les mâles étant encore en groupe à cette période de l'année, j'anticipe que le King a passé sa journée au même dortoir que lui. Par le fait même, si mon analyse de la situation s'avère juste, il devrait sortir par le même sentier. Par contre j'ai trouvé le 7 pointes un peu trop rapide à mon goût pour avoir un tir facile. Car une fois sorti au champ, il se dirige immédiatement vent de face afin de se nourrir ce qui l'éloigne de moi. Je décide alors de me rapprocher de 10 mètres de ce même sentier de cerfs. Je dois véritablement ramper dans 8 pouces d'eau afin d'éviter que le 7 pointes ne me voit.

Un oiseau
Mon intuition n'indique que si le King se montre, ce ne sera que dans la dernière demi-heure du jour.

Pourtant 10 minutes après m'être installé à mon nouveau trou dans l'eau, encore en faisant l'aller-retour gauche droite. Je reviens de la droite et vois passer au vol le King. Il bondit d'un grand saut par-dessus le fossé creux et afin de ralentir son arrivée, enjambe encore 2 autres sauts. Il n'est pas encore au sol que je reconnais son panache bien distinctif du côté qu'il m'offre. Suite à son troisièmes saut, déjà ma motion de monter mon arbalète à l'épaule est débuté. Il me voit immédiatement malgré que je sois plus bas que lui. Instinctivement, je n'hésite pas une seconde et place la croix du télescope sur sa zone vitale et laisse partir la flèche. Il décolle comme une fusée. Pendant 200 verges, il courre au saut dans le champ de soya. 7 cerfs qui mangeaient à ce moment plus loin dans le champ sont effrayés par le King arrivant à la course. Il y a des chevreuils qui se sauvent dans toutes les directions. Un frisson me parcoure le dos car j'ai peur d'avoir raté mon tir. Pourtant, après cette série de saut je le vois commencer à ralentir. Il marche encore vers la forêt, mais je constate que sa queue frétille à l'horizontal. Il semble même perde son équilibre. Je le perds de vue. Ces 2 minutes de chasse resteront à jamais gravées dans ma mémoire. C'était d'une beauté extrême.

La pluie augmente d'intensité ce qui me pousse à aller vérifier ma flèche rapidement. Je n'ai aucune difficulté à la retrouver grâce à l'encoche lumineuse. Elle a traversé facilement la bête et le sang est d'une couleur parfaite pour un tir aux poumons. J'ai une grande facilité à suivre les traces du buck dans le sable du champ. Par contre le sang au sol tarde à se présenter. Je dois avoir parcouru environ 80 pieds avant de voir une première goute de sang. Je hausse les épaules pour jeter un regard au loin afin de vérifier si je ne le verrais pas étendu près du boisé. Une chose bizarre attire mon attention, sur environ 250 pieds je vois une grosse trace rouge sur les plants de soya. Je n'en crois pas mes yeux, une vraie ligne de sang sur les plants. Il pleut à boire debout et y a tellement de sang sur les plants que cela fait comme un ruban à 16 pouces de hauteur que l'on aurait étendu. La pointe Rages de 2 lames avec un diamètre de coupe de 2 pouces a fait un travail extraordinaire. Une fois cette constatation faite, je me rassure de la qualité du tir.

Mon père, chassait en face de moi de l'autre coté du champ. J'ai tiré le King à 18:05, mais la pluie intense avait fait descendre mon père plus tôt qu'à l'habitude de son perchoir. Il était sur le point de quitter le champ quand il m'a aperçu sautant par-dessus les plants de soya me dirigeant à sa rencontre. Il comprit immédiatement ce que je venais de récolter. Nous partîmes ensemble sur la piste de sang de la bête. Il y avait tellement de sang que nous suivions le sang en marche rapide. Arrivé au fossé séparant le champ du boisé, il était là, dans le fond du fossé, incapable de le franchir, il avait succombé.

L'émotion qui s empara de moi est indescriptible. Après tant d'années à rêver à ce buck, il m'est impossible de décrire en mots la sensation qui m'habitait. J'étais fou de joie, je criais à tout rompre ma joie, je sautais sur place. C'était l'euphorie totale.

On embarqua le buck plein pour aller le peser au garage chez nous. Son poids avant éviscération fut de 276 lbs. Selon mon estimation, ce buck devait monter à plus de 300 une fois rendu en novembre. Son panache humide était d'une largeur de 26 ¾ orné de 10 longues pointes. Par contre au niveau du mesurage Boone and Crockett, je fus pénalisé par sa légère régression du merrain gauche qui est de 2 ½ de moins que le merrain droit. Le pointage final est de 163 6/8 net pour un brut de 169 1/8.


Pourquoi a-t-il fait cette erreur? Voici mon interprétation.
La chasse à l'arc et arbalète ouverte depuis 3 jours avec énormément de précipitations avait eu pour effet de ralentir les ardeurs des chasseurs locaux. Bien sur certains sont probablement allés en forêt durant la première fin de semaine, mais aucun n'a dû sortir de son mirador. Cela a eu pour effet de ne pas faire sentir le début de la chasse au King. Suite à cela j'ajoute le fait que 9 journées consécutives de mauvais temps, de pluie forte et de vent fort avaient eu pour effet de changer l'horaire des chevreuils locaux. Nous étions dans un système de pleine lune et en temps normal en ces dates, une pleine lune rend les cerfs extrêmement nocturnes. Les mâles matures étant les plus affectés par cet effet. Je pense que mon interprétation est logique. Selon moi, à mesure que le mauvais temps s'acharnait, il se devait de sortir plus haut pour profiter de ses capacités visuelles comme seul système de protection. Son odorat et son ouïe limité par les vents et la pluie le forçait à se cacher la nuit plutôt que de manger. Je rajoute à cela l'effet q'une ouverture tranquille aura motivé le King à sortir 1 heure avant le coucher du soleil.



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