macpes a écrit :
Je constate à lire le message de Louis Gagnon qu'une partie du problème peut être structurel (l'impact des coupes de bois sur le public sur les ravages et les conséquences des facilités aux compagnies sur les coupes en terre privée). Structurel car c'est un système en place que ni nous ni les biologistes et techniciens du secteur faune du gouvernement n'y pouvons grand chose. Je suis aussi producteur de bois privé au Bas-Saint-Laurent. La compétition entre le bois public et le bois privé est à notre désavantage. Ça fait longtemps que les producteurs privés s'en plaignent car le gouvernement ne respecte pas le principe de résidualité (voulant que les compagnies s'approvisionnent d'abord avec le bois disponible de la forêt privée et que la forêt publique sert à combler le manque... constituant le résidu des besoins des compagnies). Historiquement, ça a jamais marché comme ça. Les compagnies font le plein en forêt publique et donnent un prix dérisoire au producteurs privés en raison du coup de revient inférieur du bois de la forêt publique. Si c'était le contraire, les producteurs privés ne se plaindraient pas.
Autre phénomène en forêt privée qui nuit au chevreuil....la grande baisse du nombre d'ouvriers sylvicoles. Ils sont remplacés par les abatteuses multifonctionnelles. Même si la qualité des travaux de ces machines (castor mécanique) s'est grandement améliorée depuis une dizaine d'années, ça oblige les groupements forestiers à concentrer leurs opérations pour être rentables. Ça produit des grandes coupes (plus grande que ce qu'il serait bénéfique au chevreuil) et doivent couper les thalles de bons bois pour être rentables... comme les ravages en forêt privée pour lesquels aucune protection légale n'existe... seulement des incitatifs qui ne rivalisent pas avec les profits que leur coupe peut rapporter. Cette concentration d'opération fait en sorte qu'on voit de plus en plus de lots complètement coupés ou encore de plusieurs grandes coupes arrivant en même temps sur des terres avoisinantes. Par exemple, chez-moi, il faudrait que je fasse faire toutes mes coupes totales d'un seul coup et attendre plusieurs années avant d'en faire d'autres. Je scrapperait mon abri, mon couvert de déplacement et l'entremêlement entre ces types d'habitats et les sites nourriciers. Si la bouffe est manquante, il faut bien faire des coupes. Mais quand même pas tout couper.
C'est pourquoi je me suis organisé autrement. C'est du travail, c'est demandant mais j'améliore ma situation comparativement au voisin qui a tout fait couper. J'ai la chance d'avoir un oncle ouvrier forestier qui fait ma coupe à forfait. Je me suis équipé d'une chargeuse hydraulique sur remorque que j'attache derrière mon VTT. La dimension des coupes est à une échelle humaine (0,5 ha, 0,8 ha, 0,4 ha..) le tout entrecoupé de bois plus âgé. La répartition des classes d'âge s'améliorera, il y aura des sites nourriciers (j'en ai déjà mais faut penser au renouvellement) et il demeurera du couvert d'abri et de déplacement.
Mais ça c'est à petite échelle... sur un terrain restreint, rien pour améliorer les choses sur la zone de chasse en entier. Un pet dans l'atmosphère quoi!
Voilà pour ce qui est de structurel. Peu de solutions.
Mais ce qui me questionne le plus c'est : COMMENT FAIRE POUR QUE NOS BIOLOGISTES RESPONSABLES SOIENT PRO-ACTIFS DANS LA GESTION DU CERF. Pour paraphraser Bernard Gauthier à Tout-le-monde-en-parle, ça commence par avoirle bon cul sur la bonne chaise probablement. M. Dumont semble quand même connaissant sur la biologie du chevreuil et a une lecture de la situation liée aux données qu'il possède. Vous avez probablement le bon gars sur la chaise dans cette région. Il manque peut-être encore un peu de données. D'ailleurs, les biologistes, pour réaliser leur mandat, doivent s'assurer d'avoir les meilleures données possibles et prendre les moyens pour les obtenir. Le savoir c'est le pouvoir qu'on dit. Alors il faut travailler à augmenter ce savoir! Mais il faut qu'ils sentent qu'ils doivent augmenter ce savoir. Ça passe par faire savoir notre insatisfaction. J'ai l'impression que le danger qui guette lorsqu'on leur parle, c'est de se faire endormir en les écoutant donner leur avis sur la question. On a tendance à croire qu'on ne peut pas rivaliser avec leurs connaissances, qui sont certes bien backées....je dis bien les connaissances qu'ils ont.... ils ne sont pas backés du tout sur les connaissances qu'ils ont pas. Exemple de connaissance pour laquelle ils ne peuvent rien affirmer: le moment de la fécondation. C'est là un manque de connaissance essentiel, essentiel dans l'équation.
Donc, les solutions:
- continuer à exprimer notre insatisfaction
- continuer à nous documenter sur la question (forums, articles scientifiques disponibles sur le net, observations sur le terrain, etc)
- faire des pressions pour augmenter l'acquisition de connaissances au sein du MFFP (moment de fécondation, âge des mâles à la récolte, etc)
- continuer de promouvoir la RTLB comme mesure d'amélioration de la santé du cheptel.
Et je dirais... que pour être entendus, ça prendrait un lobbyisme fort. Pourquoi pensez-vous que le projet-pilote de RTLB se déroule dans les zones 6? Bien entendu, ça correspondait aux critère que le MFFP s'est donné Mais il y a dans cette région un groupe de gens qui ont été pro-actif, des gens impliqués qui y ont cru et n'ont pas lâché. Ils se sont impliqués dans les instances pouvant faire changer les choses de l'intérieur (Table régionale de la faune entre autre). Le travail d'individus comme MichelD a fait la différence. Ça n'est pas venu des fonctionnaires... ils ont pas eu le choix de bouger! Peut-être y avait-il aussi le bon cul sur la bonne chaise au gouvernement à ce moment-là mais ça part d'une volonté de changement des gens et leur implication active pour faire bouger les choses.
Donc, ça prendrait quelque chose de provincial. Je ne crois pas qu'aucune des organisation en présence ne puisse porter ce message global et spécifiquement dirigé vers le chevreuil. La FédéCP fait un bon travail mais elle représente l'ensemble des utilisateurs fauniques liés aux activités de prélèvement. Il y a des groupes locaux qui sont efficaces dans leur coin mais ils ne peuvent pas supporter l'effort de porter le message au nom de l'ensemble de la province. QDMA Canada ou Québec... ce serait un option mais leur philosophie est très axée sur le QDM et la province en tant qu'unité administrative ne se rendra probablement jamais à ce niveau. Et quoi qu'on en dise, ils ont un déficit de compréhension de leur mission face à un grand nombre de chasseurs auprès desquels leur message ne passe pas. Tout ce beau monde à sa place mais je crois qu'il faudrait établir un réseau, un organisme.. quelque chose comme CERF-Québec qui pourrait rassembler les forces vives liées au chevreuil et à l'amélioration de sa condition. C'est plate à dire mais, outre les discussions le fun qu'on peut avoir avec les fonctionnaires sur une base personnelle, le gouvernement est plus sensible aux mouvements de masse, aux organismes représentant une base de monde plus large, portant une idée précise et claire. J'ai été impliqué dans le saumon sur la scène provinciale et je me suis retiré après avoir fait mon temps. Peut-être que je serait tenté par une implication à la hauteur de mon temps disponible dans le chevreuil advenant le cas qu'une base d'individus engagés se constituait.
Solide reflection Macpes !!!! Si on pouvait trouver une façon de s unir, on finirait peut être par avoir de l écoute... J ai eu la chance de discuter avec Micheld sur son implication , sa vision , la démarche pour la 6 nord ... Le gars est vraiment tout un passionné, il ne parle pas à travers son chapeau, il m a vraiment impressionné! Les dernières semaines m ont sérieusement découragé, la conversation avec M Dumond en particulier .... De jaser avec Michel m a motivé, c est loin d être gagné pour nous les petites zones du Nord , mais Michel m a donné des pistes, il m a expliqué leur demarche . Évidemment la situation de la 6 nord et celle de plusieurs zones plus nordiques est quand même pas mal différentes, par contre , eux autre aussi ont eu leurs contraintes et ils ont dû persévérer... Nous devons nous inspiré de la job et le démarche qu ils ont fait et travailler nous autre aussi pour l adapter à la réalité de nos zones.
Je discute beaucoup ces temps ci avec differents intervenants , je souhaite que ça bouge ... Je ramasse toute l info disponible .Évidemment je suis plus concerné par les zones 10 et 11 mais si on peut travailler ensemble pour d autres zones ça serait encore mieux . Nous aurons peut être pas le projet la 6 nord , mais une chose est sûr c est qu on est sûrement capable d avoir un chevreuil et une chasse plus intéressante que celle que nous avons présentement !!!
Tout ceux qui ont des idées de changement sont les bienvenus ... Donnez moi vos idées et vos noms en message privé, la zone que vous chassez également.
Il n y a rien de garanti mais si on ne fait pas connaitre notre mécontentement et on reste chez nous à se taire il n y aura jamais aucuns changements!
Louis Roussel