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UN FILM DE CHASSE DE FILLES, Entrevue avec Julie Lambert, réalisatrice

UN FILM DE CHASSE DE FILLES est une production de Marc Biron et Sonia Despars de Parallaxes, coproduit par Julie Lambert. Le film a bénéficié du talent de Julien Fontaine à la direction de la photographie, Josiane Lapointe au montage, Réjean Gagnon à la prise de son et Jérôme Boiteau à la conception et au mix sonore. La musique originale est une création de Uberko.  
 
Synopsis

Florence, 72 ans, chasse toute seule depuis 25 ans.

Megan, 14 ans, éviscère elle-même ses proies.

Hélène, 50 ans, initie huit autres femmes à la chasse chaque année.

Jannie, 29 ans, a déjà abattu un cerf de 8 pointes avec son arc.

Julie, 36 ans, réalisatrice, chasse pour la première fois de sa vie.


La pratique de la chasse est en pleine mutation au Québec.

UN FILM DE CHASSE DE FILLES vous plonge dans l'univers de femmes déterminées à prendre le bois.

Image du film Une chasse de filles.
Entrevue avec Julie Lambert, réalisatrice, scénariste et recherchiste.

Réalisé par Pierre Chabot, le 4 octobre 2014



PC: Qu'est-ce qui vous a motivé à faire ce film ?

JL: Ce projet de film mijote dans ma tête depuis environ 5 ans. Il y a plusieurs raisons qui m'ont motivée. Mais il faut dire dès le début que je ne viens pas d'une famille de chasseurs. La génération à laquelle j'appartiens a de la difficulté à concevoir la réalité de la transformation dans le domaine de l'alimentation, particulièrement au niveau de la viande. C'est comme si la cuisse de poulet qui aboutit dans notre assiette ne vient pas d'un animal vivant. J'ai beaucoup réfléchi à ce déni de la réalité. Si on fait le choix de manger de la viande, que l'animal soit abattu par moi ou quelqu'un d'autre, cela ne fait aucune différence d'un point de vue strictement nutritionnel quelque soit le type d'animal en question. J'avais donc envie de plonger dans cette expérience. C'est aussi une question de curiosité qui m'a motivée à faire ce film. Il y a des tabous et des préjugés à l'égard de la chasse et le sujet de la femme chasseresse est encore de nos jours occulté. La chasse a presque toujours été représentée comme un univers très masculin. Pourtant, la chasse connaît une évolution sensible au Québec. En 10 ans, il y a eu une augmentation de 50% de demandes de permis de chasses de la part de femmes. Plusieurs raisons peuvent expliquer ce phénomène, mais nul doute que le territoire n'est plus exclusif à l'homme et je crois que personne ne s'en plaint. J'espère que ce film pourra aider à faire tomber certains préjugés.

PC: Dans votre film, vous avez relevé le défi de chasser, qu'est-ce que cela représentait pour vous ?

JL: Pour moi, il était important de de vivre une première chasse et non seulement être une observatrice afin d'être en mesure de bien comprendre ce qui faisait briller les yeux des chasseurs et chasseuses. Cela a été une expérience très diversifiée. Il y a comme deux points, la réalisatrice qui produit son premier long métrage ce qui a d'ailleurs demandé plus deux ans de travail et 25 jours de tournage et la chasseresse pour qui c'est la première expérience. Les surprises, la peur d'abattre,  l'anticipation du choc émotif lors de l'abattage, l'apprentissage, la compréhension "logique" versus la compréhension émotionnelle de l'expérience, le dépassement de mes limites, la sensibilité et la beauté de la nature sont tous des éléments qui font que je n'oublierai jamais cette expérience.

PC: Qu'est-ce que cela vous a fait de récolter votre chevreuil et selon vous, l'expérience vous apparaît-elle différente de ce qu'un homme peut ressentir ?

JL: Je vous dirais que c'est très difficile à décrire. J'en ai parlé à d'autres chasseurs que ce soit des femmes ou des hommes et ils m'ont aussi fait part de la difficulté à décrire l'émotion ressentie au moment d'abattre. J'avais peur et j'anticipais ce choc émotif dont je vous ai parlé. J'ai eu peur de l'avoir blessé et de ne pas être en mesure de le retrouver. Après deux heures de recherches, j'étais très émotive mais fière d'avoir atteint mon objectif. Je ressentais aussi une certaine tristesse... un mélange d'émotions contradictoires. J'étais surtout très heureuse que nous l'ayons retrouvé et de savoir que ma viande était propre à la consommation.

Dans mon parcours de nouvelle chasseresse, j'ai aussi compris que la chasse est nécessaire et ça aide à replacer tout ca. Si la chasse n'existait pas, il y'a aurait des problèmes de surpopulation des espèces, probablement une augmentation des maladies parmi elles et dans certains milieux des problèmes de déforestation.  J'ai donc réalisé que la chasse est un outil de gestion de la faune et nous permet d'obtenir de la nourriture bio d'un goût exquis.

PC: Vous avez remporté trois prix pour votre film à Québec, pouvez-vous m'en parler et croyez-vous que votre film peut avoir de l'intérêt pour la France ou d'autres pays?

JL: Je suis très fière des trois prix récoltés. Il s'agit en fait du Prix du public, long métrage ainsi que celui du Prix du meilleur premier film décerné par un jury de cinéphiles de Québec. Le film a également reçu une MENTION HONORABLE POUR LE GRAND PRIX DE LA COMPÉTITION LONG MÉTRAGE

Le film s'adresse tant aux adeptes de la chasse qu'aux néophytes comme j'étais au départ, ici comme à l'étranger. D'ailleurs, à la sortie du film, j'ai reçu plusieurs courriels de la part de Françaises qui étaient intéressées à des représentations du film dans leur pays. Les femmes sont rarement représentées au niveau de la chasse en Europe, elles sont donc bien curieuses de voir comment cela se passe ici. C'est à suivre.

PC: Je vous remercie du temps que vous m'avez consacré pour nous présenter votre film et je vous souhaite beaucoup de succès pour la diffusion de celui-ci ainsi que pour vos projets futurs.
 
Commentaires:

J'ai bien aimé ce film qui est sans artifice. La photographie est magnifique ainsi que le choix de la musique et de la bande sonore. Julie Lambert nous présente un film intimiste qui nous fait découvrir une partie de l'univers de trois générations de femmes partageant la même passion tout en démontrant un grand respect envers le gibier et la nature. Ce sont des femmes autonomes, qui savent de quoi elles parlent et qui m'apparaissent capables de tenir tête à quiconque voulant débattre de la chasse.

Je crois que le film offre une représentation réelle de l'expérience humaine que nous vivons à titre de chasseur, homme ou femme. C'est un beau film de chasse où la réalité y est décrite en toute simplicité et où le plaisir se retrouve tout autant dans la préparation de la chasse que dans sa conclusion. On accompagne Julie Lambert dans sa première expérience de chasse et on la suit dans sa découverte, ses peurs et et ses émotions.  Les femmes jeunes et moins jeunes qui l'ont accompagnée dans son projet ont pu lui transmettre l'assurance et l'expérience qu'elles ont acquises avec le temps.  Un film représentant pratiquement un rite initiatique, qui espèrons le, se perpétuera dans le temps et ce, pour tous les sexes.

Parmi tous les films de chasse que j'ai visionnés depuis fort longtemps, celui-ci est un vrai coup de cœur. Je vous le conseille sans hésitation. Je vous invite à en discuter sur le forum ICI.

Pour en connaître d'avantage sur le film et avoir accès à des capsules inédites, vous pouvez consulter la page web  http://www.unfilmdechassedefilles.com ou rejoindre la page facebook du film.

Pierre Chabot

Image de Diane chasseresse et ses nymphes, œuvre de Pierre Paul Rubens, collection privée, Madrid.



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