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Chevreuils nocturnes : quoi faire et ne pas faire !

Mâles matures, pression de chasse, milieu ouvert, petit territoire; tous des termes qui ont un dénominateur commun: chevreuils nocturnes. Le chevreuil possède certaines caractéristiques physiques et a mis au point différents moyens ou stratégies pour survivre face à l’adversité. Se cacher de ses principaux prédateurs, être un ruminant pour ainsi pouvoir manger rapidement en milieu ouvert pour ensuite aller ruminer en cachette et finalement s’enfuir avec une agilité surprenante lorsqu’il est débusqué, sont autant d’adaptation qui lui ont réussit. Devenir un animal crépusculaire voir nocturne à certaine période de l’ année en est une autre que nous devons ajouter à la liste…

Au sujet de ce dernier comportement, la majorité de études montrent qu’un mâle en veillisant devient naturellement de plus en plus nocturne et peut importe la saison. Les années charnières se situent entre la deuxième année et la troisième année et entre la troisième année et la quatrième année si bien qu’un mâle de 4.5 ans arrangerait son agenda pour vaguer à ses occupations à plus de 80% du temps sous le couvert de la nuit. Déjà peu nombreux sous la gestion actuelle de la loi du mâle, ces mâles matures en devenant principalement nocturnes nous rendent la vie encore plus difficile.

Pouvons-nous réellement faire quelques choses pour ne pas accentuer ce phénomène ou encore inverser la vapeur et stimuler une activité plus diurne de ces derniers? Ce sera le but du présent article.


D’abord, si vous avez eu la chance de chasser dans de grandes forêts publics en milieu 100% forestier, vous avez probablement noté que les chevreuils sont beaucoup plus actif en plein coeur de la journée que ceux des milieux agricoles. Les chasseurs qui ont exercé leur activité en forêt mais dans des lieux à pression de chasse élevée, ont sans doute noté que cette activité diurne n’est pas aussi marqué et qu’elle se rapproche des milieux plus ouverts. En fait, une grande pression de chasse, la plupart du temps jumellée à des territoires de chasse très petit soit de l’ordre d’un chasseur et plus par 100 acres sont à mon humble avis les deux premiers inhibiteurs des mouvements diurnes. Vient ensuite, pas très loin derrière, une mauvaise gestion du territoire ou plutôt une mauvaise manière de chasser le territoire (ex: chasser à mauvais vent, utiliser un chemin d’accès révélateur, utiliser une technique facile à prédire etc…). Enfin, un mauvais choix des habitats à chasser finalise le tableau des facteurs qui soient rendrent nos chevreuils plus nocturnes ou qui nous donnent l’impression que ces derniers sont uniquement des bêtes de nuit quand pourtant ils sont possiblement diurnes. mais ailleurs sur le terrain en forêt très dense plus précisément

En réalité, le chasseur ne réalise pas très bien la sensibilité du chevreuil et oublie souvent que ce dernier peut découvrir une intrusion humaine de six manières au moins. Premièrement, il peut vous sentir à votre affût. Deuxièmement, il peut facilement vous détecter par l’odeur laissée sur votre sentier d’entrée et de sortie menant à votre poste de guet. Troisièmement, le même chevreuil visé, peut vous sentir ou vous entendre durant votre progression vers l’affût. Quatrièmement et cinquièmement, même à bon vent, un chevreuil peut vous voir en marchant vers votre mirador ou sur le mirador lui-même selon sa disposition et votre niveau de tranquillité durant les longues heures d’attente. Le sixième point, un chevreuil sait faire la différence entre un pas de prédateur, de randonneur et de tout autre bruit non-naturel relié à l’humain comme tousser, cogner sa carabine après son treestand etc… Lorsque votre but n’est rien de moins qu’épingler votre permis sur un survivant d'au moins trois saisons de chasse, il ne suffit souvent pas de dire que vous allez essayer de réduire trois de ces six manières énumérées ou quatre. Pour être consistant, voir du chevreuils à tous les jours d’une semaine de chasse sur un petit territoire, vous devez combattre les six façons utilisées par le chevreuil pour détecter l’humain. Vous pouvez réussir l’exploit en exerçant un contrôle sérieux de vos odeurs, en choisissant attentivement vos entrées et vos sorties et en chassant des endroits qui ne seront pas dévastés par des vents sans cesse tourbillonnants. Que ce soit durant la saison de la chasse ou en prévision de celle-ci, voyons ensemble quoi faire et quoi ne pas faire pour éviter que nos chevreuils ne deviennent des oiseaux de nuit

Être d’une discrétion absolue

D’entrée de jeu, je dirais qu’une bonne part des chasseurs déclenchent l’alerte chez ces vieux mâles durant les soudains va et vient sur leur territoire en période de préparation de la chasse. Dans ce sens, analysons la manière d’aménager et préparer votre chasse.

Plus votre territoire de chasse est petit , plus il est facile à "’brûler"’. Dans la même ordre d’idée, vous devez cesser d’utiliser des miradors du type ‘’tour à orignal’’ permanente et vous consacrer uniquement à chasser au sol sur une chaise pliante ou encore utiliser des miradors portatifs disposés un peu partout sur votre territoire durant votre prospection printanière.

Éviter de mettre les pieds sur votre territoire deux semaines avant la chasse.

En matière de prospection, plus votre territoire est petit, plus vous devez le connaître sur le bout de vos doigts. La prospection devrait se faire tard en automne après la saison de chasse et au printemps seulement. Si vous prévoyez chasser seulement la période à la carabine, je vous suggère fortement d’éviter de mettre les pieds sur votre terrain au moins deux semaines avant l’ouverture de la chasse. Règle générale, une augmentation importante de l’activité de la majorité des chasseurs pour commencer leur site d’appâtage environ deux semaines avant l’ouverture contribue déjà à éduquer et rendre nocturne les grands mâles. Si votre prospection a été réalisée au printemps et que vous n’avez aucune préparation majeure à y faire, votre terre, laissée tranquille le mois avant la chasse, sera vite considérée comme un genre de havre de paix par le chevreuil, à condition de la laisser tranquille le mois avant la chasse.

Respecter le sanctuaire des chevreuils

En plus, même avec seulement 100 acres de terrain et moins, une partie importante ( environ 30%) de votre terrain devrait être consacré à la création d’un sanctuaire où aucune intrusion ne devrait être permise avant, durant et après la chasse. Les mâles adultes réagissent vite à la présence humaine et semblent la catégoriser selon le degrés de danger. Ils perçoivent notre présence et s’ajustent en conséquence selon l’intensité de l’intrusion et le potentiel de danger futur. Un peu comme nous d’ailleurs. Allez-vous réagir de la même manière, à la présence d’un étranger sur le trottoir se promenant d'un pas furetif devant la maison que celui d’un autre étranger se promenant dans votre court arrière, à la brunante … et semblant observer au travers vos fenêtres ? Votre maison et votre cour font partie de votre sanctuaire, une intrusion anormale vous alerte, n’est-ce pas?. En me tenant aux alentour de votre demeure, j’ai beaucoup plus de chance de vous voir régulièrement que si je choisi de te couper le chemin près du lieu de l’une de vos activités hebdomadaires. Par contre, si je franchi votre cour pour monter mon guétapant, je dois vous intercepter à la toute première fois car votre système de défense changera et vous serez beaucoup plus sur tes gardes voir impossible à surprendre. Le même phénomène s’observe chez les vieux chevreuils et plus particulièrement chez les mâles. Le 30% de votre territoire consacré en sanctuaire deviendra la maison et la petite cour privée des chevreuils les plus futés donc ceux qui nous intéressent. Essayer d’y inclure la partie de forêt la plus dense et inaccessible de votre terrain serait un autre élément jouant en votre faveur.

Une incursion dans une zone de repos et à l’occasion juste en périphérie suffit pour stimuler un mâle mature à repositionner son dortoir. Donc une fois le sanctuaire créé, vous ne devez chasser qu’en périphérie de façon à couper les possibles passages donnant accès aux sites alimentaires ou aux clans de femelles selon la période de l’année que vous chassez. Le vent devient le premier paramètre d’importance quand au choix du passage à chasser. En deuxième lieu, vous devez vous concentrer pour trouver un accès à votre site du jour sans pousser votre odeur dans le sanctuaire…ce qui reviendrait à annoncer votre présence sur le terrain. Non seulement, vous devez chassez à bon vent mais aussi avoir le site de repos à bon vent. Idéalement un petit terrain doit avoir des bons sentiers d’accès sur chaque coté près des limites frontalières et un centre tranquille et sans grand développement.

Bannir les VTT, le vôtre en premier

Le fameux VTT devrait faire partie des objets à complétement bannir d’un petit territoire de chasse. A cette égard, j’ai eu l’occasion à maintes reprises de vérifier l’effet négatif de l’utilisation du VTT sur les mouvements du chevreuil, cet outil devrait servir qu’à travailler en forêt ou couvrir des distances majeures autrement inaccesibles.

Chasser de façon imprévisible

Maintenant, parlons chasse. Si vous souhaitez réellement réduire les chances de rendre les chevreuils nocturnes, les techniques comme l’appâtage, la chasse fine qui vous fera arpenter votre territoire de long en large, la chasse à l’affût dans de véritables condos, la battue doivent être à proscrire. Vous devez être imprévisible. Varier vos affûts deux fois par jour si possible. À l’occasion, il est surprenant de constater comment un déplacement d’aussi peu que 50 mètres change complétement la vision du secteur, l’impact du vent et ainsi votre niveau de confiance. Les sites d’affût sont donc infini lorsqu’on utilise une chaise pliante. Une bonne vieille souche suffit à vous camoufler. Si vous chassez en hauteur, l’utilisation de petites plateformes portatives (treestand) sera beaucoup plus efficace que la tour tout confort… L’un de mes amis, dont le budget de chasse est limité, a une dizaine d’arbres sur son territoire avec des marches visantes (stewstep), ainsi il n’a qu’à déplacer son treestand seulement. Ce qui est vite et très économique.

En réalité, tout pourrait se résumer en une chose, le choix de votre affût à chaque sortie. Si vous chassez dans un mirador avec ayant un accès indétectable et une topographie gardant le vent avantageusement en votre faveur toute la journée, il vous sera alors permis d’y mettre un effort de chasse plus grand. Souvent, une localisation avec une concentration de signe à faire rêver n'est pas la meilleure place pour chasser car vous aurez à sacrifier l’une des six manières qu’à le chevreuil à vous détecter pour pouvoir chasser avantageusement ce site. Si vous chassez seulement durant le week-end, vous pouvez faire plier un peu sur les manières d’entrées et sortir du site, particulièrement le dimanche, car les chevreuils auront le reste de la semaine pour s’en remettre. À l’opposé, si vous investisez une pleine semaine de chasse sans arrêt, ce n'est pas le genre de marché qu’un gros mâle va accepter… Vous devez vous concentrer sur des localisations indétectables qui offrent des chances raisonnables d’activités de mâles adultes.

Exemple d’une semaine typique

Considérons que vous avez seulement cinq jours pour chasser en début de saison donc avant le rut. Je vous suggère fortement de commencer le plus loin en périphérie du centre de votre territoire en évitant les secteurs de grande activité utilisés par les femelles. D’abord, à cette date, les mâles sont davantage intéressés par une abondance de nourriture en milieu difficile d’accès que par des femelles. En second lieu, ils sont également davantage intéressés par une échange d’informations avec les autres mâles du secteur par l’établissement de grattages et de frottages. Du moins pour cette période de la saison. Chassez trop près des femelles ne fait qu’augmenter le risque d’éduquer un paquet de chevreuils à votre présence et ces derniers indirectement communiqueront l’information aux autres chevreuils du secteur. C’est ce que j’appelle … brûler un secteur de chasse en début de saison.

Le premier jour de chasse, c’est le temps d’être conservateur et de choisir un <<spot>> dans une allée de forêt dense qui menera vers le sanctuaire. Un site facile d’accès sans bruit, à bon vent et surtout près des délimitations de votre territoire. Vous voulez simplement tirer avantage de la folie de l’ouverture en coupant la retraite aux chevreuils adultes qui seront invariablement pousser par la subite abondance nouvelle de chasseurs dans le bois. Ces chevreuils utilisent normalement des couloirs de fuite denses et surprennants par leur coté anodin; une repousse de quinze ans, une bande d’aulnes le long d’un petit ruisseau, une légère dépression etc…Repérez et privilégiez ce type de secteur! J’ajouterai qu’il est primordiale d’éviter les mégas sites nourriciers tôt le matin car les chevreuils y arrivent toujours avant vous. Vous les éduquerez dès le premier jour.

Le deuxième jour ressemblerait au jour un, toujours selon le vent, je choisirais de couper un autre passage pour rester imprévisible, à moins que dame nature m’est fait le cadeau d’une pluie nocturne cessant au matin. Dans ce cas, je me dirige vers une ligne de grattages. Après une nuit pluvieuse, les mâles veulent rapidement rafraichir le message qu’ils ont laissé les jours précédents sur la branche surplombant un grattage, message que la récente pluie a dilué.

C’est à la troisième journée que je commencerai à modifier ma stratégie. D’abord, le lundi après le week-end d’ouverture, la forêt redevient beaucoup plus calme et les chevreuils le remarquent rapidement. J’opterai pour me tenir un plus près de mon sanctuaire en périphérie de secteurs offrant une nourriture naturelle. En milieu de journée, si vous avez une zone alimentaire (ex: une coupe sélective sévère de 10 ans de quelques acres) qui est collée au sanctuaire et à bon vent; il serait temps de vous y assoir en bordure ou peut-être même à l’intérieur selon la grandeur de la zone alimentaire et également selon le risque que votre présence alerte les chevreuils dans leur sanctuaire. Le milieu de journée en semaine est particulièrement favorable aux mouvements de grands mâles qui profitent de la nouvelle quiétude qu’apporte le départ des chasseurs vers la ville.

Reste plus que deux jours de chasse au calendrier? Il est temps de devenir un peu plus agressif dans votre approche et passer du temps sur les limites du sanctuaire. Le matin, je préconiserai la partie la plus élevée au alentour du sanctuaire si le vent me le permet, comme les odeurs montent le matin, mon risque de contamination diminue. J’accentuerais ma pression de chasse en faveur des passages menant à des clans de femelles car la saison progresse… et la folie du rut est à nos portes. Pour la deuxième partie de la journée, je reviendrai dans un secteur d’ alimentation très près du sanctuaire. Cette journée de chasse est simplement basée sur les comportements naturelles des chevreuils à cette date de l’année. À l’approche du rut, les mâles matures commencent par aller flirter près des groupes de femelles durant la nuit. Au lever du jour, ils retournent sous la protection d’un couvert dense pour, à l’occasion, y resortir de jour, si la tranquillité le permet. Dans ce cas précis, c’est la faim et/ou le besoin de communiquer sur des grattages qui les pousseront à s’exposer mais jamais bien loin de leur zone de haute protection. En quittant mon affût à la fin de l’après-midi, je déposerai des odeurs de femelles en chaleur sur du feuillage bas(environ 18 po) à quelques endroits différents en simulant le passage d’une femelle prometteuse pour préparer ma fin de journée du lendemain.

Toujours d’en l’optique d’éviter de rendre les chevreuils nocturnes n’est que durant ma dernière journée de chasse sur un petit territoire que je sortirai la grosse artillerie soit des calls et des senteurs. Ma destination serait encore une fois la limite du sanctuaire où je jumellerai une combinaison de glandes tarsiennes pour protéger mon odeur et de quelques grunts pour provoquer un mouvement chez le chevreuil. En pénétrant environ une trentaine de mètres à l’intérieur de la zone de sanctuaire et gardant mon vent de face, le but est de laisser assez de place derrière moi pour rentre confortable la possibilité d’un contournement par un mâle intéressé par l’appel. Si ma dernière journée de chasse se déroule vers le 10 novembre, j’additionnerai une urine de femelle en chaleur.

À ma dernière après-midi de chasse, je retournerai passer les dernières heures à l’endroit même où j’avais imité, la veille au soir, le passage d’une femelle en chaleur à l’aide d’urine et je ferais des combinaisons de gruntcall et alterner avec quelques bêlements de femelles réceptives.

Conclusion

Cette manière d’aborder votre semaine de chasse doit vous laisser avec une seule carte inconnue soit la direction du vent. Dans ce sens, j’ai une règle générale<< je veux au moins deux possibilités de site de chasse par jour à bon vent.>> Ainsi, vous aurez passer cinq journées en forêt sur une petite terre dans une dizaine de micro secteurs, tous aussi imprévisibles pour le chevreuil, toujours en lui laissant croire que son sanctuaire le protège adéquatement. Ce n’est pas critique d’avoir des treestands pour chaque localisation mais être éveiller au possible changement du vent et pouvoir y prendre avantage rapidement. L’idéal serait d’avoir accès à deux ou trois territoires différents, vous évitant ainsi de surchasser un seul et même territoire. Vous ne récolterez pas de mâles matures à chaque saison à moins d’être très chanceux car ces animaux sont très peu nombreux et la petitesse des territoires de chasse vous rendent la vie excessivement compliquée. Mais toutes les précautions suggérées dans cet article feront en sorte que vos chevreuils, sentant moins le danger et la pression, auront moins tendance à adopter un comportement nocturne, et vous laisseront ainsi plus de chance de les apercevoir de jour. Par conséquent, vous verrez beaucoup plus de chevreuils quotidiennement en déplacement naturel et récolterez un grand mâle beaucoup plus fréquemment que la moyenne québéçoise.

Louis Gagnon


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