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METTRE LA NATURE EN BOITE… par Christian Autotte

Les amateurs de macro sont souvent avantagés par rapport aux autres photographes. La faible taille de leur sujet permet souvent de modifier la lumière sur le terrain pour tirer meilleur parti de leurs découvertes; j'en ai fait la démonstration dans plusieurs blogues. Mais les petits sujets peuvent également avoir un autre avantage, celui d'être manipulés, capturés, déplacés, et même confinés le temps d'une ou deux photographies…

J'ai déjà eu à filmer une mouche à chevreuil pour un documentaire. La demande du directeur : filmer un gros plan de la tête, et particulièrement des yeux qui sont si colorés. Pour un autre film, je devais filmer la naissance d'un moustique, la mue finale ou la bête qui pique sort finalement de l'eau. Pour réaliser de telles séquences il est impensable de travailler avec des insectes en liberté. Impossible en effet de s'approcher assez près d'une mouche qui peut s'envoler à tout moment et espérer la regarder droit dans les yeux… Ces séquences ont été réalisées avec des insectes captifs gardés dans des mini-vivariums de quelques pouces de long. Dans le cas du moustique, l'aquarium a été fabriqué en collant deux lames de microscopes séparés de l'épaisseur d'une autre vitre coupée à la dimension voulue. J'ai ainsi fabriqué plusieurs aquariums dont les dimensions varient de la lame de microscope à un aquarium d'une douzaine de pouces de long pour 4 de large et 10 de haut. L'aquarium choisi dépendra du sujet à photographier et du temps qu'il y passera.

On peut penser que photographier dans un aquarium présente des difficultés quasi insurmontables lorsque vient le temps d'éclairer le sujet. En fait, l'éclairage est très simple. Il suffit de positionner la source de lumière à un angle de 45° d'un côté ou de l'autre de la vitre avant (ou même des deux côtés à la fois). Il m'est également arrivé de placer l'éclairage directement au-dessus de l'aquarium. A l'occasion, généralement avec les plus gros aquariums et les plus gros sujets, on peut voir une réflexion de l'appareil ou de l'objectif dans la vitre. Dans de tels cas il suffit d'utiliser un carton noir percé d'un trou pour passer l'objectif; j'ai même déjà noirci le lettrage du devant d'un objectif avec un marqueur pour éviter d'en voir les reflets.

Dans bien des cas l'utilité de l'aquarium se limite à contenir le sujet pendant une période très courte, le temps de faire la photo. Très souvent, il suffira de remplir l'aquarium d'une quantité d'eau suffisante, tout en s'assurant que les vitres sont parfaitement propres. Par contre, certains sujets nécessiteront de reconstituer un environnement, ce qui peut se limiter à un peu de gravier au fond de l'aquarium ou un brin d'algue ou une brindille qui servira de support ou de perche à ce que l'on veut photographier.

Les aquariums ne sont pas l'apanage des seuls amateurs. Les aquariums publics abondent et contiennent souvent des écosystèmes élaborés et entièrement reconstitués. J'en ai photographié à Montréal (le défunt aquarium sur l'Ile Ste-Hélène et au Biodôme), à Granby (au Zoo), à Ste-Anne-Des Monts (Exploramer), à Shippagan (Aquarium et Centre Marin du Nouveau-Brunswick), sans oublier le New England Aquarium de Boston et son aquarium central de trois étages de haut (ou de profond…). Ceux qui n'auront jamais la chance de faire de la photo sous-marine peuvent alors s'en donner à cœur joie. On peut photographier des espèces de tout acabit, Nord-Américaine ou tropicales : des poissons bien sûr, mais aussi des crustacés, du corail ou des étoiles de mer, des méduses, des anémones, etc….

Dans ces aquariums publics il est généralement interdit d'utiliser un flash pour éviter de stresser les pensionnaires de l'institution. De toute façon, dans des aquariums aussi volumineux la lumière d'un flash se perd très rapidement; dès lors, soit le sujet est mal éclairé, ou encore il reçoit suffisamment de lumière mais le fond est parfaitement noir, donnant l'impression d'une photo faite de nuit. On travaille donc avec l'éclairage fourni par l'aquarium, qui souvent sera assez faible. Il faudra alors se résoudre à monter l'ISO et peut-être à maintenir l'ouverture la plus grande (f/2.8 ou f/3.5) pour capter le plus de lumière possible. Tenez-vous le plus près possible de la vitre de l'aquarium pour éviter de voir des reflets, non seulement le vôtre mais aussi une réflexion de tout ce qui peut se trouver derrière vous.

Le couple de photographes et cinéastes Claude Nuridsany et Marie Perennou relatent dans un de leurs ouvrages que certaines personnes les imaginaient équipés pour la plongée sous-marine avec des caméras bien spéciales pour pouvoir réaliser leurs prises de vues aquatiques dans les mares et rivières. En fait, le tout était réalisé en aquarium dans un studio attenant à leur maison dans le midi de la France. Si vous avez la chance de mettre la main sur leur film Genesis en version DVD vous pourrez y voir un « making of » qui montre leur studio. Ce même studio a par ailleurs été fortement utilisé durant le tournage de leur film précédent, Microcosmos. Je recommande fortement les deux films.

Un mot concernant les sujets photographiés en captivité. Ils vous ont bien servi, ont permis quelques bonnes photos (on espère!), ils méritent d'être retournés là où on les a capturés. J'ai toutefois quelques exceptions : pour les moustiques et mouches à chevreuil… je vous laisse deviner…


Christian Autotte

Note de chevreuil.net : M Christian Autotte est photographe professionnel et conseiller chez Royal Photo à Montréal. Si vous désirez vous faire conseiller pour l'achat d'un nouvel appareil ou objectif, n'hésitez pas à le rencontrer.
 
LES PHOTOS
 

Dans l'habitat du St-Laurent au Biodôme avant sa fermeture pour rénovation, on trouvait une zone intertidale dont les côtés étaient en partie faits de plexiglas. Malgré la transparence inégale j'ai réussi à faire des photos acceptables.
Canon 7D, 17-40 à 30mm, 1/60 f/5, ISO 1600
 

Un peu de colle et des vitres récupérées d'un cadre brisé ont donné un aquarium de quelques pouces carrés. Les plus petits aquariums ont été faits avec des lamelles de microscope.
 


Crapet Soleil. Dans le sous-sol de l'Ecomuséum de Sainte-Anne-De-Bellevue on peut voir toute une série d'aquariums contenant des poissons, amphibiens, et reptiles du Québec. L'usage du flash est interdit, mais on peut toujours se débrouiller avec un ISO plus élevé.
Canon Rebel, 50mm macro, 1/60 f/2.5, ISO 1600
 

Des gros plans d'aussi près sont impossibles à réaliser en pleine nature. Il faut soit photographier un spécimen mort ou captif.
Canon 40D, 100 macro sur soufflet, 1/80 f/11, ISO 200

Cette larve de dytique, un insecte aquatique, ne pouvait être photographiée qu'en aquarium. Et oui, elle peut mordre de belle façon…
Canon AE-1, 100 macro, f/16, ISO 64, copié de diapo

Les gammares sont de petits crustacés d'eau douce. Celui-ci a été photographié par le dessus dans un contenant de verre. L'éclairage a été placé sous le contenant, supporté sur quelques blocs de bois.
Canon AE-1, 100 macro, f/16, ISO 64, copié de diapo

Une journée pluvieuse a été passée à chasser les sauterelles pour en faire des portraits. Après quelques photos, le sujet était relâché avant d'en trouver un autre.
Canon 7D, 65mm macro 1/125 f/16, ISO 400


Un autre exemple d'insecte aquatique d'il faut absolument photographier en aquarium. Dans ce cas-ci, la taille du sujet a requis l'utilisation du plus petit aquarium, fabriqué de lamelles de microscope.
Canon Rebel, 50 macro sur soufflet, 1/200 f/20, ISO 100

La naissance d'un maringouin. Pour le garder dans le plan du film, l'aquarium n'est large que de l'épaisseur d'une vitre.
Canon AE-1, 100 macro, f/16, ISO 64, copié de diapo

Un piranha au Biodôme.
Canon 7D, 100 macro, 1/60 f/2.8, ISO 1600

Un poisson de fond à Exploramer de Sainte-Anne-Des-Monts.
Olympus E-M1 Mark II, 12-40 à 28mm, 1/50 f/3.5, ISO 6400

La seule façon de voir une étoile de mer du dessous c'est lorsqu'elle monte le long d'une paroi de verre, comme au Centre Marin de Shippagan.
Canon 7D, 17-40 à 40mm, 1/125 f/16, ISO 100. Ici, le flash était permis

Au Biodôme, j'ai choisi d'inclure quelques visiteurs devant l'aquarium.
Olympus E-M1 Mark II, 12-40 à 34mm, 1/125 f/4, ISO 6400

Toujours au Biodôme, le même groupe de Bar Rayés tourne autour du grand aquarium du St-Laurent. Avec un peu de patience, on peut réaliser des photos impossibles à faire en nature.
Olympus E-M1 Mark II, 12-40 à 40mm, 1/250 f/4, ISO 6400

Une araignée loup en gros plan.  Facile à faire en vivarium, beaucoup plus difficile lorsque l'araignée peut se sauver…
Canon 7D, 65mm macro 1/100 f/9, ISO 100


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